Vue de Copenhague, où je participe à une conférence organisée par l’Agence Européenne de l’Environnement sur l’avenir du Principe de Précaution, la situation française au regard de la transition vers une économie verte et réellement durable est affligeante.
Le Grenelle qui nous est vendu comme un exemple mondial se révèle finalement une immense baudruche qui s’est dégonflée au cours des mois, alors qu’il symbolisait un formidable espoir : celui de mettre enfin notre pays au niveau de ses engagements communautaires.
Or, il se révèle cruellement la simple continuation des particularités françaises, et un retard abyssal en comparaison de l’Allemagne, des pays du nord, mais aussi désormais de l’Espagne en ce qui concerne les énergies renouvelables.
Que reste t il de cette opération de communication sans précédent ?
- une politique des transports qui continue à privilégier la route, les camions et l’avion (sans oublier le BTP) : 800 km d’autoroutes, l’augmentation de la taille des camions sur les routes et de nouveaux aéroports (ND des Landes)
- une politique de l’énergie basée sur le tout-nucléaire, qui absorbe l’immense majorité des crédits publics, et fusille successivement l’éolien terrestre ainsi que le solaire, afin que ces derniers ne puissent se développer et occuper une vraie part de marché
- une politique de la biodiversité sans moyen, qui fait des trames vertes et bleues des espoirs à la disposition de ceux qui le souhaiteront un jour
- une politique de santé environnementale vidée de sa substance, sacrifiée au lobby des grandes exploitations céréalières agricoles (alors que les débats sur la PAC démontrent l’absolue nécessité de changer) et agrochimique
- une politique de l’habitat qui était la plus élaborée, mais dont les moyens et les contraintes se sont progressivement vidés.
- Sans parler de l’abandon de l’étiquetage (qui sera imposé par Bruxelles), de la taxe Carbone, de la responsabilité des sociétés mères pour leurs filiales….
Certes, les nouveaux textes ne manquent pas… Mais pour quoi ?
Sommes-nous dans les cordes pour notre part d’énergies renouvelables dans le bouquet énergétique, la qualité de nos eaux, la pollution de l’air, les particules fines, les pesticides ? Non, évidemment.
Alors, nous sommes nombreux à nous sentir déçus, voire trahis.
- parce que nous sommes toujours à la traîne
- parce que nous restons à l’écart de la révolution industrielle qui se met en place
- parce que la transition écologique reste un espoir lointain pour les Français
Mais plus encore, pour les écologistes démocrates et républicains, qui refusent de considérer qu’il ne peut y avoir d’écologie qu’à l’extrême gauche. Voilà administrée la preuve que la droite néolibérale, qui caractérise - quoiqu’ils ne disent - l’ensemble de la politique gouvernementale, non seulement n’a rien compris mais a encore inventé une nouvelle politique : la « Greenwashing Policy ».